Albator/Harlock, justicier et ultime recours de l’humanité dépravée, est un héros intemporel qui noie un chagrin insondable dans l’alcool, en parcourant l’immensité de l’espace telle une âme en peine. Donnant tout pour soutenir les êtres courageux qui croisent sa route, il semble invincible et reste toujours sur le qui-vive pour défendre les peuples opprimés. Toutefois, son entreprise semble vouée à l’échec, même si les victoires sont nombreuses et exaltantes. Jamais il ne trouvera le repos du guerrier et sa planète Utopie semble malheureusement inaccessible...
Née en 1938, Matsumoto Leiji gagne, à l’age de quinze ans, un concours de manga qui lui permet de publier Mitsubashi no Boken dans Manga Shonen. Cinq tomes seulement constituent le manga Uchu Kaizoku Captain Harlock, titre original d’Albator, reprenant la guerre contre les Sylvidres / Mazones de la première série animée. Alors que l’œuvre s’est déclinée sur de nombreux animes, et qu’Albator est devenu un héro mythique, on reste perplexe devant le manga inachevé. A l’origine Harlock est un personnage secondaire d’une des œuvres les plus populaires de Matsumoto, Uchu senkan Yamato. Harlock Harlock était sensé apparaître dans l’un des épisodes de la première série animée de Yamato, mais celle-ci n’ayant pas eu beaucoup de succès, fut interrompue. Harlock prit son nom dan le manga Kosoku Esper en 1968 où il incarnait un docteur balafré, et c’est en 1972 qu’un certain Franklin Harlock jr. rencontre pour la première fois Alfred / Oyama Toshiro dans gun Frontier, ainsi qu’une première version d’Esméralda, la femme pirate. En 1978, il naît vraiment avec l’aventure des Sylvidres que l’on connaît.
La seconde série animée où apparaissent les humanoïdes / Illumidas (Albator 84), ne correspond à aucun manga, alors que la série d’OAV Harlock saga, elle, est associée à la reprise de l saga développée autour de l’œuvre wagnérienne en 1997 par Matsumoto dans le cycle de l’anneau de Nibelungen / Der ring dans Nibelungen : Great Harlock. Il apparait aussi dans des séries comme Cosmo Warrior zero et Captain Harlock The endless odyssey. Il existe également divers dessins animés reprenant l’univers de l’auteur où Harlock vient faire des apparitions.
On trouve beaucoup d’incohérence dans l’œuvre de Matsumoto, ce qui s’accentue encore davantage avec les versions animées, mais il est amusant de reconstituer le puzzle don les maigres indices, souvent contradictoires, parsèment ses mangas, quasiment tous interféconds. Albator est lié à la série Galaxy Express 999 par son héroïne, Maetel, la sœur d’Esméralda, ainsi que par leur mère, Promessium. Celle-ci est née sur la planète Rametal d’où vient également Yukino Yayo, une des Reines de Milles Ans apparaissant dans Queen Millenia.
La série de départ d’Albator (1978) narre comment le capitaine, depuis longtemps hors la loi, reste cependant attaché à la terre : c’est en effet là que son amide toujours Alfred lui a demandé d’éduquer sa fille Stellie / Mayu, fruit de son union avec Esméralda, avant de décéder. Il était l’ingénieur aérospatial qui a conçu l’Atlantis / Arcadia, le fameux vaisseau de la paix que dirige Albator.
Les séries et le film ont été dessinés par un grand nom de l’animation japonaise : Komatsubara Kazuo (Goldorak, Devilman, Va-y Julie). Celui-ci cumule les rôles de Character designer et de directeur de l’animation. Son dessin reste très fidèle à l’œuvre de Matsumoto, qui a lui-même validé son adaptation. Une autre personnalité de grade envergure a participé à Albator : Rintaro (alias Hayashi Shigeyuyki), revenu depuis sur le devant de la scène avec son Metropolis. C’est son travail sur Albator 78 qui lui permet de réaliser son premier film, celui de Galaxy Express 999 en 1979. Il est particulièrement doué pour conserver l’essence d’une œuvre qu’il adapte, sans pour autant la plier à son style propre. Sa particularité, ici, est de savoir transmettre suspense et action dans un anime au rythme lent, quasiment contemplatif. La plus part du temps les séries Albator ont cette lenteur caractéristique. Ceci est le reflet fidèle du manga et du style de Matsumoto. Celui-ci s’interroge beaucoup et ne met jamais la guerre en avant. Ici, on est face à des gens qui réfléchissent et se battent pour leurs idéaux de paix, à mille lieues des mercenaires.
Albator est un homme solitaire qui ne semble pas faire grand cas de la gente féminine, même s’il ne la rabaisse pas et la considère comme son égal. En fait, il soigne des blessures sentimentales qui l’empêchent de se tourner vers les autres femmes. Il pense que chacun doit se prendre en main et les doutes qu’il ressent face aux Sylvidres, alors qu’elles ont peut être plus de légitimité à revendiquer la Terre que les Terriens, montre qu’il est loin d’être obtus. Toutefois, ce qu’il n’accepte pas c’est l’oppression. Tout le monde a le droit de vivre et la guerre qu’à déclanché Sylvidra / Lafreshia contre le genre humain et d’autres peuples qu’elle a soumis, suffit à l’inciter à lui résister par tous les moyens, mais jamais avec cruauté.
Personnage à la fois fort et sensible, Albator est un homme juste, raison pour laquelle on en fait facilement son mentor. Toue l’œuvre de Matsumoto est ainsi une longue poésie, une ode à l’homme n’hésitant pas à dénoncer ses travers et à prôner la responsabilité, la lutte pour la vie, mais d’une manière équitable.